Swinging London : histoire d’une révolution mode.

Entre révolution sexuelle et minijupe, le mouvement contre-culturel des années soixante Swinging London, fut un aller sans retour vers une mode libre et ludique. Décryptage d’un phénomène.


Les années cinquante étaient au temps de la reconstruction morale et économique après une Deuxième Guerre mondiale plus que fracassante. Le modèle féminin de l’époque : des femmes-objets qui devaient s’habiller convenablement et être maquillées, coiffées en toutes circonstances. C’était sans compter la jeunesse des sixties qui ne voyait pas cela du même oeil. À la fin de la décennie, les blousons noirs laissaient place aux hippies et au Swinging London, qui ne souhaitaient qu’une chose : casser les codes et fuir la vie trop sage de leurs parents.

Londres est encore marquée par la morosité de l’après-guerre. L’heure est au
travail, et à la relance économique. C’est dans ce contexte que Mary Quant, une jeune couturière britannique va révolutionner la physionomie de la capitale : minijupe, couleurs pop et collants bariolés, matières souples, vêtements à petits prix… Une mode immédiatement adoptée par une jeunesse en soif de liberté et qui, pour la première fois, prend le pouvoir. Les boutiques de vêtements deviennent des lieux de rencontres, et les défilés de Mary, d’immenses fêtes où planent joie et liberté.

Les cuisses se dévoilent, le maquillage prend les couleurs d’un Warhol, et de
nouvelles matières telles que le PVC font leur apparition. La pop culture est née.

Twiggy, mannequin icône de l’époque.

La légendaire Twiggy devient rapidement icône. Surnommée « brindille », elle
arbore une silhouette longiligne et presque androgyne qui devient alors le nouvel archétype de la beauté féminine. Incarnation de la modernité, elle devient à la fois idole et produit marketing : Twiggy fait vendre. Parce que oui, le chiffre d’affaires de la mode grimpe. Et ce n’est pas grâce à la haute couture. Non, c’est le prêt-à-porter qui fait fureur avec le Biba Store créé par Barbara Hulanicki, et Prisunic : deux enseignes de vêtements en libre-service, qui révolutionnent la façon de consommer la mode. On ne va plus chez son couturier ! Désormais, il suffit de se rendre dans le quartier londonien de Kensington pour trouver des vêtements abordables et pour toute la
famille. Cette fois, c’est la rue qui donne le ton, pas la haute couture. L’heure est à la liberté, et à la simplicité.

UNE DIMENSION PLANÉTAIRE

Le Swinging London fait rage également hors des frontières britanniques. On le retrouve aux États-Unis en plein mouvement hippie et festival Woodstock : la libération sexuelle s’étend aux quatre coins du globe. Cosmopolitan accompagne cette nouvelle audience avec l’ouvrage Sex and the Single Girl, écrit par la rédactrice en chef Helen Gurley Brown et qui pour la première fois, évoque le plaisir sexuel féminin.

En France, c’est Courrèges qui adopte en premier la minijupe créée par Mary
Quant. Yves Saint Laurent crée, quant à lui, le prêt-à-porter de luxe Rive Gauche pour répondre à la demande. Et Brigitte Bardot dans Le Mépris de Jean-Luc Godard annonce la couleur en arborant la nudité : la révolution sexuelle est en marche. La France change. Ce n’est que le début. Quelques années plus tard, les Français, influencés par les mouvements du monde entier, réclament plus de droits et d’égalités. Nous sommes en mai 1968, et la jeunesse soulève le gouvernement à coup de grèves générales et manifestations sauvages.

Tous les tournants de la mode émergent souvent en réaction à une problématique sociale. Mais qui aurait cru qu’une minijupe et la pop-rock pouvaient avoir un tel impact ?

UNE LIBERTÉ À JAMAIS RETROUVÉE ?

Depuis les années 60, le Swinging London ne nous a jamais totalement quittés. Le mini se retrouve aujourd’hui chez Saint Laurent, les fards à paupières ultra-pigmentées chez Urban Decay… Cette période a complètement révolutionné la façon de consommer la mode : les premières enseignes de fast fashion sont nées, ainsi que le système de boutiques en lui-même. La mode n’a plus jamais été la même, et en partie grâce au Swinging London, nos cuisses peuvent être révélées sans créer scandale.

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